Le plan d’expériences : un outil méconnu

L’outil plan d’expériences est souvent considéré comme la phase ultime d’une démarche (boîte à outils du 6 sigmas) alors que que c’est au contraire un formidable outil de débroussaillage d’un problème.

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Plans de mélange

(Vous pouvez consulter nos prestations de service)

Plans de mélange

Les propriétés (Yi) d’un mélange (par exemple pour une peinture : la viscosité, le temps de séchage, …) dépendent de sa composition (de ses k composants).

Le but d’un plan de mélanges est de traduire fidèlement les variations de chaque propriété Yi par une relation Yi = f(xk) en fonction des xk (proportions des k composants).

Les modes classiques de construction de plan de mélanges sont complexes car ils utilisent les plans optimaux (voir cours sur la construction classique d’un plan de mélanges).

Nous vous proposons une méthode beaucoup plus simple qui :

  • ne nécessitera aucun logiciel spécifique compliqué,
  • utilisera des matrices orthogonales et donc permettra de minimiser la dispersion des caractéristiques des mélanges obtenus,
  • permettra de tester également l’influence de facteurs de process.

La construction se fera en 5 étapes :

Étape 1

Les ingénieurs et techniciens déterminent dans un premier temps et a priori les valeurs minimales (Li) et maximales (Ls) souhaitables de concentration pour chaque composant.

De manière classique on doit vérifier la compatibilité des limites de plage de concentration de chaque composant (xi), car en plus des conditions initiales : Lii ≤ xi ≤ Lsi, il est nécessaire de vérifier que :

  • la somme des limites inférieures Σ Lii = L < 1 et si le domaine de concentration (di) de chaque composant ne répond pas la condition di ≤ 1 – L alors une correction sera nécessaire sur sa limite supérieure Lsi

  • la somme des limites i supérieures Σ Lsi = U > 1 t si le domaine de concentration (di) de chaque composant ne répond pas la condition di ≤ U – 1 alors une correction sera nécessaire sur sa limite inférieure Lii

    Nous obtenons ainsi des limites initiales de concentration pour chaque composant.

    Étape 2

Choisir un modèle mathématique de représentation pour chaque propriété :

  • Il faut prendre un modèle du 1er degré quand on ne soupçonne aucune interaction de l’effet de la concentration de chaque composant sur chacun des autres composants (rare).
  • Il faut prendre un modèle du 2ème degré quand :
    • on soupçonne la présence d’interactions de tout ou partie des composants sur chacun des autres composants,
    • la validité d’un modèle du 1er degré n’est pas établie.

L’utilisation de modèles du 3ème degré est illusoire (interaction de niveau 2) car les interactions sont souvent plus faibles que la précision de mesure des caractéristiques du produit.

Si k est le nombre de composants on aura C (nombre de coefficients ai du modèle mathématique) :

Modèle du 1er degré : Y = a1 x1 + a2 x2 + … + ak xk donc on a C = k

Modèle du 2ème degré : Y = a1 x1 + a2 x2 + … + ak xk + Σ(i > j) aij xi xj donc on a C = k + k (k-1) / 2

Si on se limite à 8 composants on devra donc déterminer le nombre de coefficients conformément au tableau ci dessous :

Nb de composants

Nb coef (1er degré)

Nb coef (2ème degré)

3

3

6

4

4

10

5

5

15

6

6

21

7

7

28

8

8

36

Étape 3

Choisir une matrice orthogonale ayant un nombre d’essais ≥ nombre de coefficients à déterminer :

Pour un modèle quadratique (2ème degré) voici les matrices orthogonales proposées :

Nb de coefficients

Matrice

n facteurs à p niveaux

6

L8 – 8 essais ou L9 – 9 essais

1 à 4 + 2 à 2 ou 3 à 3

10

L16 – 16 essais

4 à 4

15

L16 – 16 essais

5 à 4

21

L25 – 25 essais

6 à 5

28

L32 – 32 essais

7 à 4

36

L36 – 36 essais

8 à 3

Le nombre d’essais supplémentaires (imposés par les matrices) par rapport au strict nécessaire est faible (de 0 à 6).

Étape 4

Construire la matrice à l’aide des facteurs :

  • Ranger les composants en ordre décroissant de plage de concentration (composant A, composant B, …),

  • Le composant A ne fera pas partie de la matrice,

  • Positionner les autres composants dans les colonnes des matrices proposées (il se peut qu’il y ait trop de colonnes qui seront alors inutilisées).

Les composants (B, C, …) varieront donc sur 2 à 5 niveaux selon le choix de la matrice.

Avantages :

Les essais définis par la matrice :

  • ne sont pas uniquement des sommets, des centres d’arêtes ou de faces c’est-à-dire sur la périphérie du domaine comme dans la démarche classique,

  • explorent aussi l’intérieur du domaine.

Si une matrice orthogonale facilite le dépouillement, elle impose en contre partie une combinatoire de niveaux fixes pour chacun des composants.

Il faut ensuite calculer pour chaque essai la concentration résultante de A (issue des niveaux de concentration pour chacun des autres composants) qui peut soit être :

  • inférieure à son niveau mini : il y aura des corrections à réaliser,

  • supérieure à son niveau maxi : il y aura des corrections à réaliser,

  • comprise entre ses niveaux mini et maxi : donc pas de correction.

Étape 5

Réduire les plages possibles des concentrations des n-1 composants (présents dans la matrice) pour que la concentration résultante du composant A soit comprise entre ses niveaux mini et maxi pour chaque essai.

Principe de rectification des niveaux maxi :

  • Prendre la correction < 0 résultante du composant A la plus forte,

  • Répartir cette correction sur les composants qui ne sont pas à leur niveau mini,

  • Répartir cette correction proportionnellement à leur valeur de plage de concentration,

  • Appliquer les corrections sur le niveau maxi de chaque composant concerné.

Une fois la 1ère correction faite on regarde s’il y a encore des corrections < 0 à faire : il sera peut-être nécessaire de réitérer ce processus pour respecter le niveau mini de concentration du composant A.

Principe de rectification des niveaux mini :

  • Prendre la correction > 0 résultante du composant A la plus forte,

  • Répartir cette correction sur les composants qui ne sont pas à leur niveau maxi,

  • Répartir cette correction proportionnellement à leur valeur de plage de concentration,

  • Appliquer les corrections sur le niveau mini de chaque composant concerné.

Une fois la 1ère correction faite on regarde s’il y a encore des corrections > 0 à faire : il sera peut-être nécessaire de réitérer ce processus pour respecter le niveau maxi de concentration du composant A.

Voir exemple ci-dessous une fois les rectifications faites :

Bilan de la construction du plan de mélange

A l’aide d’une feuille de calcul Excel spécialement conçue, la détermination des niveaux mini et maxi pour chaque composant, est très rapide (< 1 minute) : e classeur Excel de construction proposé est mis à disposition pour toute demande faite par mail.

Le domaine résultant est inscrit dans le domaine initial :

  • les plages de concentration de chaque composant sont inférieures aux plages initiales,

  • les valeurs fixes de chacun des niveaux satisfont au critère d’orthogonalité imposé pour la matrice.

Avantage : Pas de tri des points candidats pour définir les essais avec des algorithmes mathématiques complexes (comme dans la méthode classique).

Inconvénient : Réduction de la plage de concentration pour chaque composant.

Exploitation du plan de mélanges

Après réalisation des mesures des différentes caractéristiques pour chaque essai :

1ère façon (classique) :

  • Résoudre le système de P équations (les P essais du plan) à C inconnues (C coefficients du modèle avec P ≥ C),

  • En déduire le polynôme de modélisation pour chaque propriété définie à optimiser,

  • Calculer (maximum ou valeur cible) et en déduire la combinaison ou le domaine de combinaisons de concentration pour tous les composants.

2ème façon (proposée) :

  • Déterminer l’effet de la concentration pour chaque niveau de chaque composant,

  • Rechercher la combinaison des niveaux de concentration des composants optimisant conjointement les propriétés du mélange (sous l’angle de la dispersion en mesurant les propriétés sur plusieurs réalisations d’un même mélange (moyenne et écart type),

  • Il est toujours possible de résoudre le système de P équations (les P essais du plan) à C inconnues (C coefficients du modèle avec P ≥ C).

Validation du modèle

Réaliser physiquement le mélange avec la combinaison théoriquement optimisée des niveaux des concentrations des composants.

Vérifier les concordances entre les prévisions données par chacun des modèles pour chacune des propriétés et les valeurs réelles des propriétés mesurées.

Si cette concordance n’existe pas le modèle n’est pas validé.

Passage d’un modèle du 1er degré à un modèle du 2ème degré.

Autres intérêts des matrices orthogonales

Influence du processus de réalisation du mélange :

Les matrices proposées ont souvent une ou plusieurs colonnes disponibles par rapport au nombre de composants testés.

Il est intéressant de les utiliser pour tester l’influence des paramètres de processus de réalisation du mélange (par exemple : ordre d’introduction, temps de mélangeage, température, …) sur les propriétés du mélange, sans augmenter le nombre d’essais.

Plans statiques

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Cours et leurs supports pour la formation plans d’expériences

Les cours abordent deux sujets principaux : le premier, ce qu’est un plan d’expériences, le second, comment mettre en place un plan d’expériences, puis deux points particuliers : les plans de mélange et les plans dynamiques. Vous pouvez les télécharger voir ci-dessous.

Ce qu’est un plan d’expériences :

L’instabilité des valeurs des caractéristiques des produits fabriqués industriellement est le problème le plus commun quelque soit le type de produit fabriqué. Cette instabilité est due à un grand nombre de facteurs que l’on trouve en réalisant une analyse cause/effet (Ishikawa – diagramme en arête de poisson ou 5 M). Nous allons donc utiliser les plans d’expériences pour optimiser les performances des produits.

Les moyens utilisés sont les suivants :
– isoler les facteurs contrôlés (sur lesquels on peut facilement agir et définir la valeur de réglage, que l’on appellera niveau) et les facteurs bruit (qui sont impossibles ou économiquement non viables à maîtriser),
– tester le minimum (raison économique) de combinaisons de niveaux des facteurs contrôlés en utilisant des plans factoriels, fractionnaires, orthogonaux (les seuls capables de modéliser la dispersion),
– utiliser un indicateur de performance appelé ratio Signal sur Bruit (S/N) qui est indépendant de la valeur de la caractéristique mesurée (ce qui n’est pas le cas de l’écart-type),
– proposer une méthodologie simple et très puissante de choix des facteurs pour optimiser les performances des produits en réduisant d’abord au maximum la dispersion des valeurs des caractéristiques produit puis en recentrant la population de ces valeurs sur la valeur nominale souhaitée.

Un premier cours, illustré d’un exemple industriel, vous est proposé sous forme de diaporama et sous forme plus littérale (au format pdf et que vous pouvez télécharger).

Comment mettre en place un plan d’expériences :

Un plan d’expériences ne sera efficace que si l’on respecte 7 étapes clés et que son déploiement soit considéré comme un projet à mener en groupe.

Plus de 15 ans d’expérience vous sont proposées (trucs et astuces) pour :
– engager un plan d’expériences comme s’il s’agissait d’un investissement dont on attend un retour assuré,
– être certain de la qualité des réponses (mesures pertinentes et capables),
– prendre en compte la juste quantité de facteurs à tester (pertinence par rapport aux réponses attendues) et la suffisance des niveaux testés pour être significative,
– adopter une stratégie réaliste concernant la prise en compte des interactions possibles entre facteurs,
– bâtir à l’aide des 4 points ci-dessus le plan d’expérimentation minimal et économique quant à sa mise en œuvre,
– minimiser les risques lors de la réalisation des essais et des mesures,
– conduire une analyse des résultats qui rassure par rapport aux hypothèses (pertinence du choix des facteurs, justesse du modèle par rapport aux interactions),
– et enfin valider la solution puis la pérenniser.

Un deuxième cours, illustré d’exemples industriels, vous est proposé sous forme de diaporama au format pdf et que vous pouvez télécharger.

Le cas particulier des plans de mélange est aussi évoqué. Issu d’une communication au congrès de la chimiométrie (Lyon – 2007), il vous est proposé de pouvoir utiliser des matrices d’expériences orthogonales pour traiter le cas des mélanges.

La méthode classique de construction étant ardue et nécessitant des outils (logiciels spécifiques), une simplification de cette construction est possible avec un enrichissement de la connaissance de l’impact des facteurs (testés sur 2 à niveaux). Cette simplification consiste à définir les valeurs des niveaux compatibles avec les contraintes :
– de formulation (composants bornés ou non),
– d’orthogonalité.

Une fois ces valeurs de niveaux définies il sera possible d’utiliser une matrice orthogonale de manière classique.

Un troisième cours, illustré d’1 exemple industriel, vous est proposé sous forme de diaporama au format pdf et que vous pouvez télécharger.

Les plans d’expériences dynamiques sont aussi brièvement abordés. Développés par Genichi Taguchi, extrêmement puissants, on se contentera de définir le principe de fonctionnement de ces plans ainsi que de l’illustrer par un exemple d’utilisation sur la mise au point d’un instrument de mesure.

Un quatrième cours, illustré d’1 exemple industriel, vous est proposé sous forme de diaporama au format pdf et que vous pouvez télécharger.

Une assistance en ligne concernant la compréhension des cours des disponible.